Le château de Wignacourt doit son nom à la famille qui l'habita pendant les derniers siècles de l'ancien régime.
Entre 1364 et 1380, Johan Van Houtte, seigneur de Flêtre, fit construire un nouveau château. Comme la paix était loin de régner dans nos régions, il fallait qu'il soit suffisamment fortifié pour s'opposer à tout coup de main de quelque bande armée.
Il donnera entière satisfaction (la gravure ci-jointe, que nous trouvons dans la Flandria Illustrata, de Sandérus, nous donne une vue du château de Flêtre tel qu'il était dans la première moitié du XVIIe siècle).
Auparavant, on avait des balcons en bois qui servaient de support aux soldats pour jeter toutes sortes de projectiles sur les assiégeants.
Devant le perfectionnement des engins de guerre, ils disparaîtront car ils étaient la proie facile des flammes.
Des mâchicoulis les remplacèrent. La tour avait donc le rôle de donjon. Elle avait la particularité de se trouver à l'écart du bâtiment principal et était reliée à celui-ci par un pont. Assez souvent, le donjon faisait corps avec le château où il se dressait au milieu de la cour intérieure.
La demeure des seigneurs de Flêtre traversa plus de quatre siècles sans rien perdre de son cachet originel. La révolution lui sera fatale.
Pendant cette période, on démolissait une église ou un château pour en utiliser les matériaux. On procédait à cette tâche au fur et à mesure des besoins.
Quant à la tour, du fait de ses quatorze pieds d'épaisseur de murs et de son ciment tellement dur, on renonça à la démolir. Avec le temps, quelques modifications ont été entreprises, notamment le percement de grandes fenêtres vers le XVIIIe siècle.
Au début du XIXe siècle, un industriel a racheté la propriété, construit une demeure à l'emplacement du château détruit, et convertit le donjon en salle de réception, décoré de lambris de style Louis XV.
Elle comporte deux étages : une salle magnifiquement lambrissée que l'on pourrait appeler le rez-de-chaussée et qui, jadis, ornait de ses murs les portraits de la famille des Wignacourt. De cette dernière, on descend par un escalier en spirale dans le sous-sol qui plongeait presque entièrement dans l'eau. C'est probablement ici qu'en temps de guerre, on entassait vivres et munitions. D'ordinaire, c'était la geôle seigneuriale.
Fixés à la voûte en brique, on voit encore les gros anneaux en fer destinés à retenir la chaîne à laquelle étaient attachés les prisonniers.
Après la disparition du château, la tour restera longtemps inhabitée.
Plus tard, monsieur Edmond Vanuxem, nouveau propriétaire originaire de Flêtre et brasseur à Ardres, fit commencer les travaux du château moderne en briques.
Il fut terminé en 1872 .
Le château fut enduit d'un ciment pour dissimuler ses cicatrices de 14-18.
À partir de cette époque, les larges fossés protecteurs ont été comblés, et les portes et fenêtres du sous-sol donnent sur une pelouse en contrebas du parterre.